Les frelons asiatiques, la menace pour les apiculteurs

À l’orée de l’automne, la pression exercée par le frelon asiatique (Vespa velutina) atteint souvent son maximum. Les colonies sont populeuses, les besoins alimentaires explosent, et les ruchers urbains et périurbains deviennent des points chauds. À Neuilly-sur-Marne et dans les communes voisines, apiculteurs amateurs comme confirmés constatent la même scène : vol stationnaire des frelons devant l’entrée des ruches, prédation ciblée sur les butineuses épuisées et stress chronique au sein de la colonie. Cette situation n’est pas une fatalité : en comprenant mieux le cycle de l’insecte, ses signaux d’implantation et les bons gestes, on réduit les risques pour les abeilles… et pour les riverains.

Pourquoi les frelons asiatiques menacent-ils particulièrement les ruchers ?

Le frelon asiatique est un prédateur opportuniste. À la fin de l’été et au début de l’automne, il maximise l’apport en protéines pour ses larves. Les abeilles domestiques, concentrées à l’entrée des ruches et chargées de nectar, deviennent alors des proies faciles. Résultat :

• Harcèlement des colonies, qui limite la sortie des butineuses.
• Baisse des ressources rentrées (nectar, pollen), donc moins de réserves pour l’hiver.
• Stress thermique et comportemental à l’intérieur de la ruche, avec une grappe moins organisée et une reine potentiellement moins active.
• Affaiblissement général qui ouvre la voie à d’autres problèmes (froid précoce, maladies, pillage).

Pour les apiculteurs, ce n’est pas seulement une perte économique : c’est un déséquilibre de l’écosystème local, car l’abeille domestique interagit avec de nombreuses plantes du Parc départemental de la Haute-Île, des jardins familiaux, des vergers urbains et des haies résidentielles.

Reconnaître et comprendre le cycle de l’insecte

Un rappel visuel aide à ne pas confondre frelon asiatique et espèces locales :

• Thorax sombre, presque noir.
• Abdomen brun avec liserés orangés, dernier segment plus orangé.
• Pattes bicolores, extrémités jaunes.
• Nids sphériques en papier mâché, souvent en hauteur (arbres, lisières, bâtiments), mais aussi dans des abris plus bas et discrets au printemps.

Côté cycle, le pic d’activité se situe entre fin août et octobre : les ouvrières chassent intensément, tandis que les nouvelles reines s’envolent pour être fécondées et se mettre à l’abri pour l’hiver. Comprendre ce cycle, c’est anticiper : début d’automne = vigilance maximale autour des ruchers et des zones de compostage.

Impacts concrets pour les apiculteurs de Neuilly-sur-Marne

Sur le terrain, les apiculteurs constatent plusieurs signaux d’alerte :

• Fréquence accrue de frelons en vol stationnaire, souvent aux heures chaudes.
• Tas d’ailes ou de pattes d’abeilles sous le plateau d’envol (indices de prédation).
• Abeilles hésitantes à sortir, même par beau temps.
• Diminution des cadres de miel operculé au contrôle d’automne.

Au-delà du rucher, le frelon asiatique s’intéresse aussi aux fruits mûrs ou tombés dans les jardins et aux points d’eau. Une bonne hygiène du jardin et des espaces partagés limite l’attractivité globale de la commune pour ce prédateur.

Comment réagir prudemment et efficacement

Lutter efficacement contre les frelons asiatiques ne signifie pas tout faire, partout, tout le temps. Cela veut dire agir de façon ciblée, sûre et proportionnée, afin de protéger les abeilles sans mettre en danger les personnes ni la biodiversité utile.

Mesures préventives au rucher

• Installer des muselières ou grilles d’entrée adaptées pour réduire la prédation directe sans bloquer la ventilation.
• Déplacer légèrement l’orientation des ruches ou aménager des écrans visuels (haies, claustras) pour gêner le vol stationnaire.
• Renforcer le plan sanitaire : ruches bien isolées, varroa sous contrôle, réserves suffisantes pour limiter le stress additionnel.
• Ramasser régulièrement les fruits tombés et couvrir le compost (maillage fin, couvercle), pour diminuer l’attractivité alimentaire générale.

Interventions et signalements

• Éviter les actions dangereuses (feu, produits non homologués, escalade improvisée). La neutralisation d’un nid actif exige un équipement spécialisé et une méthode sécurisée.
• Si un nid est suspecté en hauteur, près d’écoles, de parcs ou de zones de passage, alerter sans délai. Pour un accompagnement professionnel, vous pouvez contacter un prestataire local dont les équipes interviennent avec matériel homologué et protocoles sécurisés :ce professionnel.
• Pour des informations générales sur les risques et la conduite à tenir, consulter un site d’information officiel tel quecet organisme public.

Sécurité des personnes : priorité absolue

Même si la plupart des rencontres se passent sans incident, il faut garder à l’esprit quelques règles simples :

• Ne secouez pas une branche ni ne tentez d’approcher un nid actif.
• Maintenez une distance de sécurité et prévenez les occupants des lieux (famille, voisins, promeneurs).
• En cas de piqûres multiples ou de réaction sévère (détresse respiratoire, œdème étendu), appelez immédiatement les secours.
• Pour les apiculteurs, un vêtement couvrant et des gants robustes sont indispensables lors des manipulations d’automne.

Piégeage : prudence et discernement

Le piégeage artisanal à base d’appâts sucrés attire de nombreux insectes non ciblés. Les captures d’auxiliaires (syrphes, guêpes locales, papillons nocturnes) peuvent être importantes. Les apiculteurs privilégieront des dispositifs sélectifs et un déploiement raisonné, lorsque cela est autorisé et pertinent, et surtout en cohérence avec les recommandations locales. L’objectif n’est pas d’éliminer “tout ce qui vole”, mais de réduire la pression sur les ruchers au moment critique.

Vers une mobilisation locale

La lutte la plus efficace contre le frelon asiatique est collective. Dans une commune dense comme Neuilly-sur-Marne, la coordination entre apiculteurs, jardiniers, services techniques et prestataires spécialisés permet de :

• Cartographier les points sensibles (ruchers, vergers urbains, berges).
• Partager des alertes et retours d’expérience.
• Prioriser les interventions sécurisées sur les nids actifs en zones fréquentées.
• Sensibiliser les habitants à la gestion des déchets organiques et à la protection des pollinisateurs.

En résumé

• Les frelons asiatiques constituent une menace réelle pour les abeilles, notamment en début d’automne.
• Les apiculteurs peuvent réduire la prédation par des aménagements simples et un renforcement de la santé des colonies.
• La sécurité prime toujours : pour les nids actifs, faites intervenir des professionnels formés.
• Une coordination locale facilite la surveillance, la pédagogie et la rapidité d’action.